Discours de Charlotte Caubel pour la cérémonie des vœux 2023

25 janvier 2023 – Hôtel de Cassini

Publié le | Temps de lecture : 8 minutes

Seul le prononcé fait foi

Mesdames et Messieurs les députés,
Madame la Présidente de la commission des Affaires sociales du Sénat, 
Madame la Présidente de la délégation aux droits des enfants de l’Assemblée nationale 
Mesdames et Messieurs les présidents des conseils départementaux,
Mesdames et Messieurs les élus, 
Madame la présidente de la commission nationale de l’informatique et des libertés, 
Monsieur le président de l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique,
Monsieur le président de la commission nationale consultative des droits de l’Homme, 
Monsieur le défenseur des enfants, 
Mesdames et Messieurs les directeurs d’administration centrale et délégués interministériels, 
Mesdames et Messieurs les présidents des associations,
Mesdames et Messieurs les directeurs des associations, 
Chers amis, 

Permettez moi tout d’abord de vous remercier chacune et chacun chaleureusement pour votre présence ce soir, à l’occasion de mes premiers vœux en qualité de secrétaire d’Etat auprès de la Première ministre, chargée de l’enfance. Une fonction et, plus encore, une mission –de placer l’enfant – ses droits, son intérêt supérieur– au cœur de toutes les politiques publiques. Cette mission  – qui m’honore et m’oblige.

I. L’exercice de ces cérémonies de début d’année l’impose, évoquons d’abord l’année qui vient de s’achever

En 2022, il est enfin devenu évident que l’enfance devait mobiliser tous les acteurs : 

  • l’Etat, et quand je dis Etat, je dis de nombreux ministères et leur services déconcentrés, nos assemblées et autorités constituées
  • les collectivités territoriales,
  • nos associations, si engagées et plus largement créatives, 
  • de nombreux professionnels et bénévoles

L’enfance doit être l’affaire de tous, de tous les adultes. 

L’année a débuté avec l’adoption de la loi relative à la protection des enfants, fruit des travaux que beaucoup d’entre vous ont conduits sous la coordination d’Adrien Taquet. Cette loi n’est pour autant pas un point d’aboutissement, elle marque une nouveau cadre pour la protection de l’enfance qu’il nous faut mettre en œuvre.

L’ambition, le cap de l’action ont été fixés par le Président de la République lui-même lors du débat de l’entre-deux tours : il a clairement annoncer faire de l’enfance une priorité de son nouveau quinquennat.

  • Pour le gouvernement, cela s’est traduit par : 
    • Le positionnement d’un Secrétariat d’Etat dédié à l’enfance auprès de la Première ministre ; 
    • Et la tenue du premier comité interministériel à l’enfance, au lendemain de la journée internationale des droits de l’enfant, présidée par la Première ministre. Ce comité a mis en cohérence l’ensemble des politiques menées en faveur des enfants et déterminé les actions prioritaires.
  • À l’Assemblée nationale, le bureau a décidé la création de la délégation aux droits de l’enfant . Je salue ce soir la présence de la présidente, chère Perrine Goulet et les représentants membres du bureau. La délégation est déjà un lieu riche et exigeant d’échanges sur un sujet, des enjeux qui doivent tous nous rassembler, majorité et opposition. 

2022 c’est aussi un travail de concertation approfondi entre l’Etat, les départements et les principales asssociations engagées en faveur des enfants en danger ou adoptés qui a permis la naissance au 1er janvier de « France Enfance Protégée ». 

Je salue ce soir sa Présidente, chère Florence Dabin et les formidables équipes du GIP qui constituent déjà un incubateur d’initiative partagées en faveur des enfants les plus vulnérables.

2022 aura donc été une année riche. Elle a témoigné d’une grande volonté des acteurs de faire mieux et plus, ensemble, pour la protection de nos enfants.

Elle a fixé un cadre clair de travail, un cap, une ambition à la hauteur des enjeux.

II. La charge mentale est là pour 2023. Mais heureusement, comme j’aime à le dire je n’ai pas le monopole de l’enfance et vous serez tous là pour suivre le cap, relever les défis. 

Dans ce dialogue que je souhaite nourri avec vous tous, je souhaite partager les grandes orientations qui sont les miennes et celles des administrations avec lesquelles nous travaillons.

Ma grande priorité en ce début d’année est la protection de l’enfance. 

Après 6 mois d’échanges avec les acteurs, le constat est clair : l’aide sociale à l’enfance connaît toujours des  difficultés, probablement renforcées par la crise sanitaire. Dans certains territoires, nous sommes à un point de bascule, avec la crise du travail social et l’augmentation nette des placements d’enfants en danger.

  • Il nous faut agir vite en accroissant la mobilisation de l’Etat par une action coordonnées de l’autorité judiciaire, des services de la santé, de l’éducation nationale (tous représentés ici ce soir) – aux côtés des départements. C’est pourquoi, dès la semaine dernière, nous avons lancé avec Départements de France un groupe de travail pour structurer les objectifs communs de l’Etat et des départements pour l’année 2023. Je n’oublie pas mes collègues des sports et de la culture, qui se mobilisent pour que les enfants confiés bénéficient des mêmes opportunités que les autres, en tout premier lieu celle des Jeux de 2024 !
  • Il me faut renforcer les liens avec tous les acteurs du secteur de l’enfance pour comprendre leurs attentes, leurs réalités, leurs enjeux : les associations, fédérations et fondations qui rassemblent les professionnels, les employeurs, les bénévoles, ou encore les premiers concernés- enfants jeunes et familles – Ces échanges je les aurais avec le conseil national de la protection de l’enfance nouvellement constitué, avec le HCFEA mais aussi directement. Vous savez comme je considère qu’une de mes missions de mes obligations est d’aller sur le terrain. Lors de mes prochains déplacements dans les départements, je continuerai à rencontre les élus, les autorités locales et les administrations mais j’organiserai aussi des rencontres-débats avec les professionnels, ainsi qu’avec les enfants et jeunes premiers concernés. 

Ces déplacements sont aussi l’occasion de valoriser les réussites de la protection de l’enfance qui souffre d’une image trop négative.

  • Je lancerai une démarche de valorisation des « bonnes pratiques » et je participerai à la démarche des « visages de la protection de l’enfance », déjà initiée par certains, pour mettre en lumière toutes ces femmes et ces hommes qui œuvrent au quotidien pour nos enfants les plus vulnérables. 
  • Grâce à cette valorisation, j’espère aussi encourager l’engagement du plus grand nombre pour la protection de l’enfance : nos concitoyens qui peuvent y contribuer comme parrains, tiers dignes de confiance ou mentors ; nos entreprises qui peuvent être mécènes de nombreux projets au titre de leur responsabilité sociale et environnementale. 

Et puisque toute cette action doit s’inscrire dans un ensemble cohérent et lisible,

Ma deuxième grande priorité sera de faire vivre et consolider à long terme le comité interministériel à l’enfance, 

Qui je vous le rappelle, a pour ambition de mettre en œuvre cinq grands chantiers majeurs : 

  • La lutte des violences faites aux enfants,
  • Le service public de la petite enfance parce que nous le savons beaucoup se joue dans les 1000 premiers jours, 
  • Le renforcement de l’action de l’Etat pour les enfants protégés et vulnérables,
  • La santé des enfants, 
  • La protection des enfants dans le champ numérique.

Je ferai en juin un point d’étape avec les ministères sur les 41 mesures sur lesquelles ils se sont engagés, avant un nouveau comité le 20 novembre prochain.

Vous me permettrez de rappeler celles pour lesquelles mon secrétariat d’Etat a été désigné pilote : 

  • Les mesures issues des recommandations de la CIIVISE ;
  • Le déploiement des unités d’accueil des enfants en danger, les UAPED ;
  • Les contrôles d’antécédents des personnes dont l’activité est en lien avec des mineurs, dans le champ de la jeunesse, des sports, de la culture,
  • L’insertion des jeunes majeurs sortant des dispositifs de l’aide sociale à l’enfance, en lien avec les travaux du « CNR jeunesse » lancé en décembre ; 
  • La prostitution des mineurs ;
  • La protection des mineurs en ligne. 

Des événements dédiés sont déjà en cours de construction :

  • Avec Amélie Oudea Castera, ministre des sports et des jeux olympiques et paralympiques, nous tiendrons un séminaire sur la lutte contre les violences sexuelles le 9 février prochain ; 
  • Nous montons un séminaire sur le contrôle des sites pornographiques avec Jean-Noël Barrot ; 
  • Nous préparons enfin une journée sur la prostitution.

En complément, des campagnes de communication – sur les violences sexuelles, et sur la parentalité numérique notamment – seront lancées.
Nous suivrons aussi activement les travaux :

  • des assises de la santé des enfants dont le gouvernement a confié la coordination à Adrien TAQUET et Christine GRAS LE GUEN, 
  • mais aussi du groupe en charge de l’inclusion des enfants en situation de handicap en vue du Conseil national du handicap en mars,

tant ces sujets impactent le dispositif de protection de l’enfance et contribuent aux inégalités de destin. 

Enfin, et ce sera mon dernier point, nous avons un rôle à jouer, - en tout cas à renforcer - sur la scène internationale, sur la question des droits des enfants.

En mai, je serai entendue au nom du gouvernement français, dans le cadre des travaux de l’ONU sur les droits et la protection des enfants.

Au titre de l’autoévaluation des objectifs de développement durable, nous devrons aussi montrer nos efforts pour prendre en compte la parole des enfants. 

Dans tous ces travaux, prendre en compte la parole des enfants est totalement essentiel. Le premier conseil des ministres des enfants placés a été une étape importante. Je veillerai à ce que nous allions plus loin encore dans cette concertation systématique.

Parmi les sujets européens, je serai particulièrement vigilante à l’examen par le Parlement du règlement sur la lutte contre la pédopornographie, et à la mise en œuvre de la garantie enfance. 

Tout est mis en œuvre pour que 2023 soit une année pour nos enfants. Nous avons tous le même objectif : conduire une politique de l’enfance plus ambitieuse, mieux coordonnée, à l’échelle nationale mais aussi dans les territoires.   

N’ayons pas peur – nous tous adultes – d’être à hauteur d’enfants, à la hauteur de TOUS nos enfants, quel que soit leur parcours et leurs difficultés.

J’aimerais conclure par cette citation de Pythagore que vous connaissez tous : « un homme n’est jamais si grand que lorsqu’il est à genoux pour aider un enfant ». 

Soyons fiers, collectivement, de nous mobiliser pour assurer à tous les enfants un environnement protecteur et bienveillant, et leur garantir un avenir serein. Telle est notre responsabilité. Car c’est dans l’insouciance que l’enfant construit l’adulte serein et protecteur de demain. 

Je nous souhaite qu’en 2023, l’enfance soit toujours avec nous, dans nos réflexions, dans nos décisions, dans nos actions. Je vous souhaite à toutes et tous, ainsi qu’à vos proches, une très belle année 2023.